La Chapelle Saint-Rémy
Saint-Rémy-de-Chargnat
Chapelle Saint-Rémy (Saint-Rémy)
Située au pied de la butte d’Usson, la commune de Saint-Rémy-de-Chargnat est traversée par la rivière
appelée « l’Eau-Mère ». Deux quartiers principaux, Saint-Rémy et Chargnat, séparés par cette rivière,
constituent le chef-lieu.
Au début du Xe siècle, Acfred duc d’Aquitaine et comte d’Auvergne fait don d’une église située près
de Chargnat (Carnacio), dédiée à Saint-Rémy, à l'Abbaye de Sauxillanges lors de sa fondation .
Sauxillanges avait à sa nomination la cure de Saint-Rémy. Un prieuré avait été fondé, mentionné en
999 . Par ailleurs, le comte d’auvergne conserve une résidence dans cette ’’villa’’.
L’existence d’un ’’vicus’’ à Chargnat est attestée « à l’époque mérovingienne par les légendes
monétaires de plusieurs triens (’’vico Santi Remedi’’ ou ’’vico Santi Remi’’) : le choix du monétaire et
des autorités pour lesquelles il travaillait de désigner ce ’’vicus’’ par un hagiotoponyme [toponyme
inspiré du nom d’un saint] et non par le nom plus ancien, d’origine antique (Chargnat), donne à penser
que, dès cette époque, existait une double localité dotée d’un quartier ecclésiastique distinct du premier
peuplement » .
Le village semble donc s’être configuré en deux bourgs distincts, l’un lié à l’église paroissiale et au
prieuré, l’autre au rôle commercial attesté dès le XIIe siècle et associé au nom d’origine antique
(Chargnat). Dans la première moitié du XIIe siècle, le comte d’Auvergne et le prieur de Sauxillanges
organisent la souveraineté territoriale et partagent les revenus de Chargnat, principalement ceux des
foires .
Chargnat, subordonné à la seigneurie d’Usson , se développe tout au long du Moyen-Âge. Il semble
également bénéficier de certains privilèges à l’intérieur de la seigneurie . Après la mort de Jean du
Berry en 1416, Usson intègre le domaine royal. Louis bâtard de Bourbon, fils illégitime de Charles Ier,
duc de Bourbon et d'Auvergne, épouse en 1465 Jeanne, fille bâtarde de Louis XI, Roi de France. Ce
mariage s'accompagne de la donation de la seigneurie d'Usson au couple de mariés. Leur fils Charles
avait obtenu le château, ce dernier retourne à la couronne à sa mort en 1507 . En 1480, afin de
développer le bourg de Chargnat, Louis batârd de Bourbon, seigneur d’Usson, obtient du Roi
l’autorisation de créer un marché hebdomadaire et d’organiser des foires annuelles .
Aux activités commerciales s’ajoutent des « fonctions administratives et judiciaires ; en 1510 Chargnat
est qualifiée de ’’ville’’ puis, en 1560, de ’’place forte’’, commandée par Gilbert de Pons, seigneur des
Pradeaux » *. Chargnat s’était doté d’ouvrages de défense et de fortification. Des vestiges de
l’enceinte fortifiée sont encore visibles, notamment une tour circulaire dont la base en glacis est percée
d’une archère canonnière .
Plusieurs fiefs indépendants d’Usson existaient , Lachaux (ou Lachaud), le Pertus et la Vernède. Un
fief était également connu aux Aiguilles. D’après Ambroise Tardieu, « le garde du sceau royal du
château d’Usson résidait à Chargnat en 1518 et s’appelait Alain de Termes » . Alain de Termes (ou
Thermes) aurait résidé au site fortifié les Aiguilles, qui semblerait avoir été érigé en fief au début du
XVIe siècle .
Au début du XVIIIe (1703), les droits seigneuriaux de Chargnat sont cédés par le roi à Jacques d’Oradour
d’Authezat. Son fils, Charles-Louis d’Oradour, marquis d’Authezat, était seigneur de la Vernède, de
Chargnat et autres places. Son fils Antoine d’Oradour, bien que marié à deux reprises, ne semble pas
avoir de postérité. Il meurt en 1778, date à laquelle le fief semble revenir au marquis de Pons de la
Grange, seigneurs des Pradeaux .
Au XIXe siècle, la création d’une nouvelle route, évitant le passage dans le village, engendre la perte
progressive d’une activité commerciale auparavant assez prospère . Avant 1789, la paroisse
intégrait le village des Pradeaux. Celui-ci deviendra une commune indépendante en 1790 .
Le bourg de Saint-Rémy reste propriété de l’abbaye de Sauxillanges jusqu’à la révolution, où l’église
paroissiale est située jusque vers la fin du XVIIIe siècle ou au tout début du XIXe siècle .
A Chargnat, l’église Saint-Rémy, ancienne chapelle dédiée à Notre-Dame , située sur une grande
place en bordure du bourg, semble avoir été reconstruite au XIIIe siècle et remaniée aux XIVe, XVe et
XIXe siècles . Elle est devenue officiellement église paroissiale au tout début du XIXe siècle (1801*22),
l’église Saint-Rémy (bourg de Saint-Rémy), précédemment évoquée, étant trop dégradée et
dangereuse. Cette dernière avait été abandonnée à la fin du XVIIIe siècle, puis désaffectée. L’église
paroissiale Saint-Rémy (Chargnat) a été inscrite au titre des monuments historique par arrêté du 21
août 1989 (cad. A 761).
Claude-Antoine Humbert (1779-1843) est nommé curé de Chargnat en juillet 1812. Il tient un journal
intime , dans lequel il décrit l’église de Chargnat, lieu où il exerce ses fonctions. Il reste à Saint-
Rémy-de-Chargnat jusqu’à sa mort le 25 janvier 1843.
La chapelle Saint-Rémy, située à l’est du cimetière du quartier de Saint-Rémy, était donc l’église
paroissiale jusque vers la fin du XVIIIe siècle. Dans le procès-verbal de visite pastorale, daté de
septembre 1699, l’édifice est décrit . Elle semble toute voûtée et son clocher « meublé de trois
cloches ». L’édifice était assez bien conservé, « à la réserve des chapelles, l’une appelé de la Grange et
l’autre du Pertus » en mauvais état et dépourvues d’ornements. En 1726 , une autre chapelle, dite
de la Chaux, semble fortement dégradée. Elle « menace ruine et que par sa chute elle pourrait
endommager le corps de l’église ». Dans le procès-verbal de 1726 figure un ordre de démolition pour
cette chapelle. En 1732, le curé affirme disposer « d’une procuration de Madelle Dalbon pour réparer la
chapelle de la Chaux » . Dans le procès-verbal de visite pastorale de 1741 , il est écrit que « toute
l’église est voûtée et en bon état, à la réserve de quelques vitres (…) ». Par ailleurs, il est précisé que
cet édifice dispose de quatre autels, le maître-autel compris. En 1764 , les « sieurs curé, marguilliers
et habitants de la paroisse de Saint-Rémy-de-Chargnat » semblent avoir présentés une requête pour
l’entretien de l’église. C’est donc vraisemblablement à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle
que cette église se détériore progressivement et dangereusement puisqu’en mai 1773, le procèsverbal
de visite pastorale ne fait plus mention de l’édifice du bourg de Saint-Rémy « (…) il n’y a que
les deux églises de Charniat et des Pradeaux et trois chapelles domestiques l’une à la Vernède l’autre
au château de La Grange et la troisième a Pertu en bon état ».
Lors de l’arrivée du curé Humbert à Saint-Rémy-de-Chargnat en 1812, l’église était abandonnée « en
raison de son exiguïté et de sa vétusté » . Il constate que « l’église est toute dévastée et abandonnée
depuis la Révolution » . En janvier 1820, le curé Humbert précise que « la voûte de l’église de St-
Rémy a commencé hier à s’écrouler. Il y a une longue lézarde et une ouverture dans le milieu » .
Cet édifice était donc, avant le milieu du XIXe siècle, plus important et plus vaste qu’aujourd’hui. Dans
la première moitié du XIXe siècle, il était vraisemblablement encore composé d’une nef à plusieurs
travées, d’un choeur terminé d’un chevet plat et d’au moins trois chapelles latérales. Un extrait du
cadastre napoléonien permet d’observer sa possible
organisation en 1829 . De nos jours, seule l’extrémité orientale de l’ancienne église paroissiale
subsiste. L’édifice conservé « est placé à l’est du cimetière et garde, avec ce dernier, la forme d’une
vaste place ovale d’une centaine de mètres sur une quarantaine. Cette parcelle doit recouvrir
l’emplacement de l’ancien enclos ecclésial » . Désormais appelé chapelle Saint-Rémy, l’édifice a été
remaniée au XIXe siècle (restauration en 1899 notamment, voir plaque en marbre gravé, Fig. 3) et au tout
début du XXe siècle. Les parties visibles les plus anciennes sembleraient dater du XVe et XVIe siècles